Aujourd'hui pas de création mais une histoire, mon histoire...
Ça devait juste être un examen de contrôle, à 41 ans, une
première mammographie pour s’assurer que tout va bien.
Normalement,
cela aurait dû être prescrit grâce à des consultations suivies et régulières
avec mon gynécologue. Un dossier médical qui aurait dit « c’est l’heure ma
belle ». Il n’en est rien de tout ça. Je n’ai jamais eu de parcours suivi
avec un gynéco.
C’est
en partie de ma faute, j’ai toujours été très réservée tout en ayant mon petit
caractère. J’ai rencontré plusieurs gynécos, le discours tournait autour de mon
poids. Je devais maigrir si je voulais avoir des enfants. J’avais tendance à classer
ces discours dans la catégorie « pauvre con, tu comprends vraiment
rien », et ils ne me revoyaient jamais.
C’est
aussi en grande partie la faute du système actuel. Ayant des difficultés à
concevoir, je n’ai rencontré que des spécialistes en infertilité. J’ai
fréquenté le service PMA d’un hôpital, où on m’a fait tout un tas d’examens
autour de ma fertilité. Mais le reste a été mis de côté, n’a même jamais été
évoqué.
J’avais
trouvé une gynéco super, mais après l’épisode infertilité (pendant lequel je ne
consultais que les spécialistes du service PMA sur les conseils de ma gynéco),
son téléphone sonnait dans le vide. C’est là que j’ai appris que pas moins de
17 gynécologues avaient pris leur retraite cette année dans mon département. Je
me suis fait refouler d’un cabinet parce qu’il ne pouvait plus absorber
l’afflux de nouvelles patientes. J’ai réussi à trouver un gynécologue, étonnée
même d’avoir un rendez-vous en trois jours, j’ai compris pourquoi plus tard.
Pourquoi
donc ai-je fais cette première mammographie de contrôle alors ? A cause de
douleurs inhabituelles. Oui, le truc qui n’arrive jamais, ça m’est arrivé.
A
partir de là, un parcours très particulier a commencé pour moi. Je suis allée
au laboratoire à côté de chez moi. J’ai passé une mammographie, puis une
échographie mammaire sur une zone, je cite « pas claire ». Puis le
médecin a rédigé le compte rendu, et m’a reçue pendant 2 minutes pour me dire,
et là je cite encore « vous avez une boule au sein, il faudrait consulter ».
Sans plus d’explication.
Première
faille du système : ce genre de nouvelle ne se donne pas entre deux portes de
façon aussi légère. Qu’il s’agisse d’une masse bénigne ou pas, c’est un sujet
sensible pour nous, les femmes. Cela demande un minimum de tact, et surtout une
information complète.
Je lis le compte-rendu, et tout en bas de la feuille je vois
cette toute petite phrase anodine : « Examen classé ACR5 ». Ne
sachant pas à quoi cela correspond, je cherche vite fait sur mon téléphone la
signification. Là je reçois un choc en plein cœur : 97% de chances de tumeur
cancéreuse. Comment a-t-il pu ne pas mentionner ça ? Comment a-t-il pu me
laisser partir en étant si peu informée ?
Et
me voilà seule dans ma voiture, sur le parking du centre d’analyses, ne sachant
pas quoi faire de cette nouvelle. La panique m’a submergée, je ne sais même pas
comment je suis rentrée. Heureusement j’ai un mari en or. Il a tout lâché pour
me rejoindre et me soutenir. L’après-midi même je retournais chez le fameux
gynéco pour qu’il m’explique un peu mieux. J'en suis ressortie encore moins
rassurée qu'avant. Je me souviens avoir eu les jambes en coton pendant 2 jours
après ça.
Comment
un professionnel du domaine féminin peut-il manquer à ce point
d’humanité ? Il m’a annoncé ce 1er diagnostic en gardant
les yeux rivés sur l’écran de son ordinateur ! Impossible de me regarder
dans les yeux, il bafouillait. Il ne savait même pas où m’envoyer faire cette
biopsie spéciale qu’il venait lui-même de me prescrire, un comble ! A sa
décharge, il est plus obstétricien que gynéco finalement. Mais quand on est
professionnel, et qu’on sent qu’on ne gère pas une situation, on envoie vers un
collègue. Il aura eu cette seule utilité de me délivrer les ordonnances pour
les examens à poursuivre en un temps record. Il était certainement très
compétent dans sa partie, délivrer des bébés, mais vraiment pas doué dans la
mienne.
Heureusement
j’ai d’excellentes amies. L’une d’entre elles, Céline, m’a conseillé le bon
gynécologue, au bon endroit. J’ai pu passer des examens entourée par une équipe
très compétente, consciencieuse, humaine, et d’une extrême gentillesse. Et je
peux le dire, j’en avais vraiment besoin ! C’est d’une importance capitale
de se sentir accompagnée dans ce genre de situation.
Sans
jamais prononcer de diagnostic définitif, on m’a expliqué simplement les choses
pour m’aider à comprendre vers quoi je me dirigeais. Ce qui m’a aidée à digérer
les informations au fur et à mesure. J’ai pu discuter avec les médecins qui me
faisaient passer les examens, poser des questions et avoir des réponses
honnêtes. Nous avons naturellement commencé à parler des options et des choix
que j’aurai certainement à faire.
Et
puis le diagnostic final est arrivé, les mots « cancer du sein » ont
été prononcés pour la première fois. Même si la nouvelle fut dure à encaisser,
j’ai eu le temps d’assimiler, de commencer à prendre mes dispositions. Je suis
très bien entourée, autant sur le plan personnel que médical. Il se trouve que
le Dr qui a pratiqué l’IRM et les biopsies travaille au centre anti-cancer
Huguenin. Nous en avons discuté, j’ai pu faire mon choix, et les premières
rencontres avec l’équipe me confirment que c’était un bon choix.
Je
n’en suis qu’au début du parcours, le chemin sera ce qu’il sera. C’est un sacré
chamboulement de vie. Mais cela m’amène à repenser ma vie, me concentrer sur
l’essentiel et savourer l’instant présent.
Pourquoi vous confier tout cela ? C’est vrai qu’il s’agit de ma vie privée. J’ai choisi de partager cela avec vous, parce que je trouve que la partie diagnostic préventif pourrait grandement être améliorée.
J’aimerai
vous communiquer une information très importante : détecté à un stade précoce,
le cancer du sein peut non seulement être guéri dans plus de 90 % des cas, mais
aussi être soigné par des traitements moins agressifs entraînant moins de
séquelles. C’est assez éloquent non ?
En
revanche, ce qui n’est pas pris en compte, c’est le fait que cette maladie se
déclare chez des femmes de plus en plus jeunes, et de plus en plus nombreuses.
A partir du moment où une femme n’a pas d’antécédents, ni de terrain « à
risque », la mammographie n’est pas proposée systématiquement par les médecins.
Un
autre mal évident de notre siècle est la difficulté à concevoir un enfant. On
se focalise tellement sur la fertilité que les autres examens sont souvent mis
de côté. Ce qui fut mon cas. Le fait de ne pas avoir un gynécologue habituel
avec un dossier suivi n'aide pas non plus.
Mon
message n’a pas pour but d’être alarmiste, mais bienveillant. J’aimerais
tellement que l’accent soit mis sur la prévention des femmes avant 50 ans. Nous
sommes encore trop nombreuses à nous persuader que ça arrive seulement aux autres.
Bien
sûr quand on a l’impression d’avoir attendu trop longtemps, on a peur de ce
qu’on va découvrir. Mais la peur n’a jamais rien évité.
Voici
les quelques conseils qui ressortent de mon aventure, que je souhaiterais de
tout cœur partager avec vous. Si cela en décide ne serait-ce que l’une d’entre
vous, j’en serai vraiment heureuse :
● Si
vous avez plus de 30 ans et que vous vous décidez à passer votre 1ère mammographie,
allez-y avec une amie. Prévoyez un rdv proche avec votre gynéco. La
mammographie de contrôle se fait tous les 2 ans, c’est remboursé par la sécu
alors n’attendez pas. Vous aurez ainsi un historique qui permettra de détecter la
moindre variation.
● Si
vous n’avez pas de gynéco habituel, demandez aux copines de vous en recommander
un. C’est important d’avoir un médecin qui connait votre dossier et votre
historique.
● Ne
vous contentez pas de la palpation, et encore moins de l’auto-palpation des
seins. La mammographie est là pour détecter les masses tellement petites qu’on
ne les aurait pas senties autrement.
● Assurez-vous
que l’ordonnance prescrit bien mammographie + échographie, de nos jours l’un ne
va pas sans l’autre.
● N’essayez
jamais d’interpréter les résultats via internet, allez voir un médecin !
Ça vous évitera des situations difficiles à gérer ou des paniques inutiles. Parce
que même avec 97%, il y a toujours 3% de chances que ce soit bénin. Et c’est
comme ça qu’on se retrouve à flipper toute seule dans sa voiture !
● Choisissez
bien votre centre d’analyses pour avoir un service de qualité et des gens qui
ont le sens du tact et du professionnalisme, quitte à payer des dépassements
d’honoraires. Il s’est avéré dans mon cas que le 1er centre
d’analyse avait « oublié » de faire la moitié des clichés de
mammographie. Ils avaient détecté une anomalie, la procédure veut que l’on
fasse des clichés complémentaires, pour aider le travail du praticien par la
suite. J’ai dû les faire en urgence entre l’irm et les biopsies.
● Si
vos résultats sont préoccupants, ne gardez pas cela pour vous. Vous avez le
droit de vous confier. Choisissez bien ces personnes, elles doivent être positives,
car le mot cancer fait peur. Il m’a fait peur pendant des années, lorsque ma tante
s’est retrouvée dans cette situation. Aujourd’hui j’ai choisi de ne pas me
cacher et de lui faire face. Ce n’est pas un combat, car j’ai pleinement
confiance en ma guérison. Je ne dis pas non plus que c’est facile tous les
jours, j’ai des moments de doute. C’est pour cela qu’il est très important de
bien s’entourer, pour garder un esprit positif.
J’espère
bien sûr que le cancer restera juste un mot pour vous, et que vous ne serez
jamais concernées. Mais pour le cas où vous le seriez un jour, j’espère que ce
message pourra vous aider.
N’ATTENDEZ PAS L’AGE LIMITE POUR LA MAMMOGRAPHIE DE CONTRÔLE
PRENEZ LES DEVANTS !
Octobre rose ça ne suffit pas,le dépistage c’est toute l’année et ça sauve des vies.
Et
par pitié, les messages énigmatiques du genre « j’ai embrassé les oreilles
de Chuck Norris à Tahiti » sur facebook ne servent à rien, à part à faire
des statuts inutiles. Je les ai vus passer pendant plusieurs années, et ce
n’est pas pour autant que je me suis dit « tiens si j’allais faire un
dépistage ! ». Je ne me suis tout simplement pas sentie concernée.
Vous souhaitez participer activement et faire passer un message pour
valoriser le dépistage du cancer du sein ? Soyez directe ! Partagez
un maximum cet article sur vos blogs et réseaux sociaux.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerBonjour
RépondreSupprimerJe suis tombée par hasard sur votre blog et votre histoire
Moi aussi je scrap depuis 6 ans, et le scrap est ma therapie depuis mon cancer du sein en octobre 2013 . J'ai terminé tout mes traitements et maintenant je vais bien
Mon cancer était bien avancé d'une grosseur de 2,5 cm , pas detecté par la mamographie , car cancer lobulaire, qui ne se voit qu'a l'echographie . Mais non plus pas vu , pourtant mon écho datait de 6 mois . C'est moi qui ai trouvé cette boule sur mon sein
Mais comme vous je recommande a toutes les femmes de mon entourage qu'il faut faire une mamo, au pire tout les deux ans
J'espère que vous allez bien ? Etes vous toujours en traitement
Bon courage
Je vous embrasse
India
http://indiascrap.canalblog.com
Bonjour india, je découvre seulement votre message... Pas eu de notification. J'ai terminé tous les traitements le 1er octobre et je reprends pieds peu à peu. :) merci pour votre soutien. 💜 💜 💜
SupprimerBonjour india, je découvre seulement votre message... Pas eu de notification. J'ai terminé tous les traitements le 1er octobre et je reprends pieds peu à peu. :) merci pour votre soutien. 💜 💜 💜
SupprimerBonjour india, je découvre seulement votre message... Pas eu de notification. J'ai terminé tous les traitements le 1er octobre et je reprends pieds peu à peu. :) merci pour votre soutien. 💜 💜 💜
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