jeudi 30 avril 2015

Attendre et ne rien faire est un choix mais ça n'a jamais été une solution...


Prévention cancer du sein

Aujourd'hui pas de création mais une histoire, mon histoire...


Ça devait juste être un examen de contrôle, à 41 ans, une première mammographie pour s’assurer que tout va bien.



Normalement, cela aurait dû être prescrit grâce à des consultations suivies et régulières avec mon gynécologue. Un dossier médical qui aurait dit « c’est l’heure ma belle ». Il n’en est rien de tout ça. Je n’ai jamais eu de parcours suivi avec un gynéco.

C’est en partie de ma faute, j’ai toujours été très réservée tout en ayant mon petit caractère. J’ai rencontré plusieurs gynécos, le discours tournait autour de mon poids. Je devais maigrir si je voulais avoir des enfants. J’avais tendance à classer ces discours dans la catégorie « pauvre con, tu comprends vraiment rien », et ils ne me revoyaient jamais.

C’est aussi en grande partie la faute du système actuel. Ayant des difficultés à concevoir, je n’ai rencontré que des spécialistes en infertilité. J’ai fréquenté le service PMA d’un hôpital, où on m’a fait tout un tas d’examens autour de ma fertilité. Mais le reste a été mis de côté, n’a même jamais été évoqué.

J’avais trouvé une gynéco super, mais après l’épisode infertilité (pendant lequel je ne consultais que les spécialistes du service PMA sur les conseils de ma gynéco), son téléphone sonnait dans le vide. C’est là que j’ai appris que pas moins de 17 gynécologues avaient pris leur retraite cette année dans mon département. Je me suis fait refouler d’un cabinet parce qu’il ne pouvait plus absorber l’afflux de nouvelles patientes. J’ai réussi à trouver un gynécologue, étonnée même d’avoir un rendez-vous en trois jours, j’ai compris pourquoi plus tard.

Pourquoi donc ai-je fais cette première mammographie de contrôle alors ? A cause de douleurs inhabituelles. Oui, le truc qui n’arrive jamais, ça m’est arrivé.

Examens dépistage cancer du sein


A partir de là, un parcours très particulier a commencé pour moi. Je suis allée au laboratoire à côté de chez moi. J’ai passé une mammographie, puis une échographie mammaire sur une zone, je cite « pas claire ». Puis le médecin a rédigé le compte rendu, et m’a reçue pendant 2 minutes pour me dire, et là je cite encore « vous avez une boule au sein, il faudrait consulter ». Sans plus d’explication.

Première faille du système : ce genre de nouvelle ne se donne pas entre deux portes de façon aussi légère. Qu’il s’agisse d’une masse bénigne ou pas, c’est un sujet sensible pour nous, les femmes. Cela demande un minimum de tact, et surtout une information complète.

Je lis le compte-rendu, et tout en bas de la feuille je vois cette toute petite phrase anodine : « Examen classé ACR5 ». Ne sachant pas à quoi cela correspond, je cherche vite fait sur mon téléphone la signification. Là je reçois un choc en plein cœur : 97% de chances de tumeur cancéreuse. Comment a-t-il pu ne pas mentionner ça ? Comment a-t-il pu me laisser partir en étant si peu informée ?

Et me voilà seule dans ma voiture, sur le parking du centre d’analyses, ne sachant pas quoi faire de cette nouvelle. La panique m’a submergée, je ne sais même pas comment je suis rentrée. Heureusement j’ai un mari en or. Il a tout lâché pour me rejoindre et me soutenir. L’après-midi même je retournais chez le fameux gynéco pour qu’il m’explique un peu mieux. J'en suis ressortie encore moins rassurée qu'avant. Je me souviens avoir eu les jambes en coton pendant 2 jours après ça.

Comment un professionnel du domaine féminin peut-il manquer à ce point d’humanité ? Il m’a annoncé ce 1er diagnostic en gardant les yeux rivés sur l’écran de son ordinateur ! Impossible de me regarder dans les yeux, il bafouillait. Il ne savait même pas où m’envoyer faire cette biopsie spéciale qu’il venait lui-même de me prescrire, un comble ! A sa décharge, il est plus obstétricien que gynéco finalement. Mais quand on est professionnel, et qu’on sent qu’on ne gère pas une situation, on envoie vers un collègue. Il aura eu cette seule utilité de me délivrer les ordonnances pour les examens à poursuivre en un temps record. Il était certainement très compétent dans sa partie, délivrer des bébés, mais vraiment pas doué dans la mienne.

Heureusement j’ai d’excellentes amies. L’une d’entre elles, Céline, m’a conseillé le bon gynécologue, au bon endroit. J’ai pu passer des examens entourée par une équipe très compétente, consciencieuse, humaine, et d’une extrême gentillesse. Et je peux le dire, j’en avais vraiment besoin ! C’est d’une importance capitale de se sentir accompagnée dans ce genre de situation.

Sans jamais prononcer de diagnostic définitif, on m’a expliqué simplement les choses pour m’aider à comprendre vers quoi je me dirigeais. Ce qui m’a aidée à digérer les informations au fur et à mesure. J’ai pu discuter avec les médecins qui me faisaient passer les examens, poser des questions et avoir des réponses honnêtes. Nous avons naturellement commencé à parler des options et des choix que j’aurai certainement à faire.

Symbole lutte contre le cancer du sein


Et puis le diagnostic final est arrivé, les mots « cancer du sein » ont été prononcés pour la première fois. Même si la nouvelle fut dure à encaisser, j’ai eu le temps d’assimiler, de commencer à prendre mes dispositions. Je suis très bien entourée, autant sur le plan personnel que médical. Il se trouve que le Dr qui a pratiqué l’IRM et les biopsies travaille au centre anti-cancer Huguenin. Nous en avons discuté, j’ai pu faire mon choix, et les premières rencontres avec l’équipe me confirment que c’était un bon choix.

Je n’en suis qu’au début du parcours, le chemin sera ce qu’il sera. C’est un sacré chamboulement de vie. Mais cela m’amène à repenser ma vie, me concentrer sur l’essentiel et savourer l’instant présent.

Pourquoi vous confier tout cela ? C’est vrai qu’il s’agit de ma vie privée. J’ai choisi de partager cela avec vous, parce que je trouve que la partie diagnostic préventif pourrait grandement être améliorée.

J’aimerai vous communiquer une information très importante : détecté à un stade précoce, le cancer du sein peut non seulement être guéri dans plus de 90 % des cas, mais aussi être soigné par des traitements moins agressifs entraînant moins de séquelles.  C’est assez éloquent non ?

En revanche, ce qui n’est pas pris en compte, c’est le fait que cette maladie se déclare chez des femmes de plus en plus jeunes, et de plus en plus nombreuses. A partir du moment où une femme n’a pas d’antécédents, ni de terrain « à risque », la mammographie n’est pas proposée systématiquement par les médecins.

Un autre mal évident de notre siècle est la difficulté à concevoir un enfant. On se focalise tellement sur la fertilité que les autres examens sont souvent mis de côté. Ce qui fut mon cas. Le fait de ne pas avoir un gynécologue habituel avec un dossier suivi n'aide pas non plus.

Mon message n’a pas pour but d’être alarmiste, mais bienveillant. J’aimerais tellement que l’accent soit mis sur la prévention des femmes avant 50 ans. Nous sommes encore trop nombreuses à nous persuader que ça arrive seulement aux autres.


Bien sûr quand on a l’impression d’avoir attendu trop longtemps, on a peur de ce qu’on va découvrir. Mais la peur n’a jamais rien évité.

Voici les quelques conseils qui ressortent de mon aventure, que je souhaiterais de tout cœur partager avec vous. Si cela en décide ne serait-ce que l’une d’entre vous, j’en serai vraiment heureuse :
    Si vous avez plus de 30 ans et que vous vous décidez à passer votre 1ère mammographie, allez-y avec une amie. Prévoyez un rdv proche avec votre gynéco. La mammographie de contrôle se fait tous les 2 ans, c’est remboursé par la sécu alors n’attendez pas. Vous aurez ainsi un historique qui permettra de détecter la moindre variation.
    Si vous n’avez pas de gynéco habituel, demandez aux copines de vous en recommander un. C’est important d’avoir un médecin qui connait votre dossier et votre historique.
    Ne vous contentez pas de la palpation, et encore moins de l’auto-palpation des seins. La mammographie est là pour détecter les masses tellement petites qu’on ne les aurait pas senties autrement.
    Assurez-vous que l’ordonnance prescrit bien mammographie + échographie, de nos jours l’un ne va pas sans l’autre.
    N’essayez jamais d’interpréter les résultats via internet, allez voir un médecin ! Ça vous évitera des situations difficiles à gérer ou des paniques inutiles. Parce que même avec 97%, il y a toujours 3% de chances que ce soit bénin. Et c’est comme ça qu’on se retrouve à flipper toute seule dans sa voiture !
    Choisissez bien votre centre d’analyses pour avoir un service de qualité et des gens qui ont le sens du tact et du professionnalisme, quitte à payer des dépassements d’honoraires. Il s’est avéré dans mon cas que le 1er centre d’analyse avait « oublié » de faire la moitié des clichés de mammographie. Ils avaient détecté une anomalie, la procédure veut que l’on fasse des clichés complémentaires, pour aider le travail du praticien par la suite. J’ai dû les faire en urgence entre l’irm et les biopsies.
    Si vos résultats sont préoccupants, ne gardez pas cela pour vous. Vous avez le droit de vous confier. Choisissez bien ces personnes, elles doivent être positives, car le mot cancer fait peur. Il m’a fait peur pendant des années, lorsque ma tante s’est retrouvée dans cette situation. Aujourd’hui j’ai choisi de ne pas me cacher et de lui faire face. Ce n’est pas un combat, car j’ai pleinement confiance en ma guérison. Je ne dis pas non plus que c’est facile tous les jours, j’ai des moments de doute. C’est pour cela qu’il est très important de bien s’entourer, pour garder un esprit positif.
J’espère bien sûr que le cancer restera juste un mot pour vous, et que vous ne serez jamais concernées. Mais pour le cas où vous le seriez un jour, j’espère que ce message pourra vous aider.




N’ATTENDEZ PAS L’AGE LIMITE POUR LA MAMMOGRAPHIE DE CONTRÔLE
PRENEZ LES DEVANTS !

Octobre rose ça ne suffit pas,le dépistage c’est toute l’année et ça sauve des vies.

Et par pitié, les messages énigmatiques du genre « j’ai embrassé les oreilles de Chuck Norris à Tahiti » sur facebook ne servent à rien, à part à faire des statuts inutiles. Je les ai vus passer pendant plusieurs années, et ce n’est pas pour autant que je me suis dit « tiens si j’allais faire un dépistage ! ». Je ne me suis tout simplement pas sentie concernée.



Vous souhaitez participer activement et faire passer un message pour valoriser le dépistage du cancer du sein ? Soyez directe ! Partagez un maximum cet article sur vos blogs et réseaux sociaux.

5 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. Bonjour
    Je suis tombée par hasard sur votre blog et votre histoire
    Moi aussi je scrap depuis 6 ans, et le scrap est ma therapie depuis mon cancer du sein en octobre 2013 . J'ai terminé tout mes traitements et maintenant je vais bien
    Mon cancer était bien avancé d'une grosseur de 2,5 cm , pas detecté par la mamographie , car cancer lobulaire, qui ne se voit qu'a l'echographie . Mais non plus pas vu , pourtant mon écho datait de 6 mois . C'est moi qui ai trouvé cette boule sur mon sein
    Mais comme vous je recommande a toutes les femmes de mon entourage qu'il faut faire une mamo, au pire tout les deux ans
    J'espère que vous allez bien ? Etes vous toujours en traitement
    Bon courage
    Je vous embrasse
    India
    http://indiascrap.canalblog.com

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    1. Bonjour india, je découvre seulement votre message... Pas eu de notification. J'ai terminé tous les traitements le 1er octobre et je reprends pieds peu à peu. :) merci pour votre soutien. 💜 💜 💜

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    2. Bonjour india, je découvre seulement votre message... Pas eu de notification. J'ai terminé tous les traitements le 1er octobre et je reprends pieds peu à peu. :) merci pour votre soutien. 💜 💜 💜

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    3. Bonjour india, je découvre seulement votre message... Pas eu de notification. J'ai terminé tous les traitements le 1er octobre et je reprends pieds peu à peu. :) merci pour votre soutien. 💜 💜 💜

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